Chantal Rouchouse est originaire de Normandie. Artiste peintre ayant vécu en France, en Afrique et à Tahiti, c’est finalement à Gras en Ardèche, qu’elle s’installe définitivement. Fascinée par les ouvrages de pierres sèches du plateau, elle en a réalisé de nombreuses aquarelles et a participé à la réalisation du livre intitulé « De la Dent de Rez aux Gorges de l’Ardèche ».

chantal rouchouse peintE. Drouard

Originaire de Normandie, Chantal Rouchouse a suivi jusqu’en 1959 des cours dans un atelier de peinture tenu par André Claudot, ancien professeur de dessin et de peinture aux beaux-arts de Dijon. Avec son mari et son bébé, elle part vivre en Afrique pendant 7 ans, jusqu’en 1971, puis à Tahiti elle reprend goût au dessin aux aquarelles, qu’elle avait laissé de coté par manque de temps. Son époux, passionné de spéléologie, venait régulièrement en Ardèche, pour l’exploration de grottes telles que l’Aven d’Orgnac ou la Grotte de Saint-Marcel. Ils décident alors d’acheter une maison à Gras, village dont ils sont tombés amoureux, pour y passer les vacances en 1966. En 1973, ils s’y installent définitivement.

Dans les années 80, elle continue ses aquarelles, donne des cours à des élèves, expose, illustre des panneaux d’interprétation et des topo-guides de randonnée. Les paysages du plateau du Laoul avec ses pierres sèches qu’elle représente très régulièrement sur ses aquarelles attisent sa curiosité, elle souhaite en savoir plus sur cet aspect architectural particulier du plateau.

Avec Michel Raimbault, elle réalise un inventaire des pierres sèches du plateau et participe à l’ouvrage « De la Dent de Rez aux Gorges de l’Ardèche » (Editions du Chassel).

Le plateau du Laoul, témoin d’un ancien pastoralisme 

Le plateau calcaire du Laoul s’étend entre Saint-Remèze et Larnas, à une altitude de 340 m. Il est dominé par la Dent de Rez (719 m), véritable repère topographique dans toute la région.

De multiples vestiges d’activités humaines anciennes apparaissent sur le plateau, comme des alignements de murets en pierres sèches s’étirant sur des dizaines de kilomètres, les nombreuses « clapas » (tas de pierre) agencés avec soin, issues d’un ramassage et d’un empierrement intensif et les cabanes qui offraient un abri temporaire aux bergers. Par manque de matériel archéologique, il est difficile de préciser l’âge des premiers défrichements.

Le plateau du Laoul a longtemps pratiqué un pastoralisme intensif par nécessité vitale, les sols n’apportant pas une production agricole suffisante aux besoins des populations locales.

Avant la Révolution et jusqu’à la fin du XIXème siècle, les paysans ont recours à l’élevage pour subvenir à leurs besoins. Les bergers deviennent des bâtisseurs de murs, de cabanes, de coupe-vent où ils vivent une grande partie de l’année. Ces nombreuses structures parsèment aujourd’hui le paysage.

Les Mayses RimourinChantal Rouchouse © E. Drouard

Les « faïsses » ou terrasses de culture

Les faïsses rendent possible la culture dans des zones pentues. Autrefois plantées avec quelques céréales, des amandiers ou des mûriers, elles permettaient de gagner un peu de terres cultivables. Ces terrasses étaient déjà mentionnées au XVIIème siècle sous le nom de « launes ». Elles forment un paysage très particulier, considéré aujourd’hui comme un véritable patrimoine culturel.

Les cabanes et « coupe-vents »

Les cabanes, aussi appelées « capitelles » dans le Gard ou « bories » dans la Drôme et le Vaucluse, offraient un abri temporaire aux bergers pendant les orages soudains ou lorsque le vent du nord soufflait sur le plateau. Cette architecture de la nécessité se retrouve dans tout le midi de la France et dans d’autres pays méditerranéens. Plus modestes, les « coupe-vents » en pierre sèche présentent une grande diversité dans leur construction. 126 ont été recensés sur le plateau. Ils sont majoritairement adossés au vent du nord, le fameux Mistral qui souffle sur le plateau.

Gras par Chantal RouchouseE. Drouard
chantal rouchouse portraitE. Drouard
Les cotets - aquarelle par Chantal RouchouseE. Drouard

Les tours tronconiques

Avec leur terrasse au sommet, ces tours permettaient de surveiller les troupeaux et d’effrayer les loups. Leur hauteur ne dépasse jamais 4 mètres. Elles servent aussi de coupe-vent lorsque la bise balaie le plateau, de point de ralliement pour des moments de convivialité, d’affûts pour les chasseurs et même de poste d’observation pour les gardes-bois en quête de braconniers.

Les murets en pierre sèche

Ces murs bien parementés délimitaient les parcelles. Couronné de lauzes disposées en épi, ils permettaient autrefois de protéger certaines cultures de l’appétit vorace des chèvres qui ne pouvaient franchir cet obstacle de pierre.

Les champs de « clapas »

Les clapas ou pierriers, agencés avec soin pour ne pas perdre trop d’espace herbu, sont issus d’épierrement et de ramassage de tonnes de pierres dans la garrigue… pendant les longues heures de garde où les bergers doivent occuper le temps.